Après plus de six mois sans la moindre escale militaire dans les ports vietnamiens, un groupe naval japonais a soudain fait relâche, les 10 et 11 octobre 2020, à la base navale internationale de Cam Ranh. Un site choisi pour sa sécurité, militaire mais aussi naturelle alors que les côtes du Centre du Viêt Nam sont actuellement frappées par des dépressions tropicales.
Alors que le dernier bâtiment étranger – le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt – avait montré sa puissance à Đà Nẵng, où son équipage avait contracté le COVID-19…, discrétion et sécurité ont été les axes-clés de cette escale « de routine » nippone. Une routine qui tranche avec la nature de ce groupe naval engagé dans un déploiement d’un mois en mer de Chine méridionale, et qui venait de participer à un exercice avec la marine indonésienne près des îles Natuna.
Ce ne sont en effet pas moins de trois bâtiments majeurs des forces navales d’autodéfense japonaises qui ont été reçus dans la principale base navale vietnamienne :
- le destroyer lance-missiles de la classe Murasame JS Ikazuchi (DD-107) – 150 mètres de long, déplacement de 4550 tonnes, 162 membres d’équipage ;
Une escale sous bulle anti-COVID-19 |
- le destroyer porte-hélicoptères JS Kaga (DDH-184), second porte-hélicoptères de la classe Izumo. Avec son gabarit de 245 mètres pour un déplacement pouvant atteindre 27 000 tonnes, et son équipage de 400 marins, il est avec le JS Izumo (avait effectué sa première escale au Viêt Nam, à Cam Ranh, mi-juin 2019) le bâtiment le plus imposant en service dans la marine japonaise ;
- et le sous-marin d’attaque JS Shoryu (SS-510), second sous-marin à faire relâche au Viêt Nam après l’escale historique du SS-596 JS Kuroshio, du 17 au 21 septembre 2018. D’un gabarit (84 mètres) légèrement plus important que le JS Kuroshio (de la classe Oyashio), le JS Shoryu est un bâtiment récent (entré en service le 18 mars 2019, et basé à Kure, près d’Hiroshima) et mis en œuvre par un équipage de 74 hommes. Dixième d’une série de quinze bâtiments de la classe Soryu, il se distingue par son système AIP qui lui offre une grande capacité d’action dans la discrétion, un atout particulièrement important même si les eaux peu profondes de la mer de Chine méridionale ne sont guère propices à une longue dilution des sous-marins.
En cette année quasi vierge sur le plan des interactions navales, il s’agit seulement de la troisième escale au Viêt Nam, la première à Cam Ranh, et la seule de bâtiments japonais. La pandémie de COVID-19 aura donc porté un coup sévère aux espoirs des autorités de la marine vietnamienne, qui misaient beaucoup sur l’organisation, le 7 mai, de leur première revue navale internationale. L’événement, qui aurait eu lieu au large de Nha Trang, aurait permis à la grande base en eau profonde d’accueillir de nombreux bâtiments et de s’affirmer ainsi comme un point de relâche privilégié pour de nombreuses marines croisant en mer « de l’Est ». Pour autant, ce site conserve tous ses atouts, et s’affirme comme un point d’appui – au moins logistique – pour les déploiements des bâtiments japonais.
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