Le 17 octobre 2019, deux mois après avoir effectué son premier déplacement au Viêt Nam (04 et 05 août), Mme Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère et la sécurité, a signé à Bruxelles avec le général d’armée Ngô Xuân Lịch, ministre vietnamien de la défense, un accord-cadre de partenariat (Framework Partnership Agreement) UE - Viêt Nam relatif aux opérations (civiles et/ou militaires) européennes de gestion de crise.
La signature de cet accord est la dernière étape d’un processus qui, depuis deux ans (et notamment la visite du général d’armée Mikhail Kostarakos, alors président (grec) du Comité militaire de l’UE, à Hanoi, le 05 décembre 2017), voit le ministère vietnamien de la défense exprimer son intérêt pour renforcer ses liens avec l’UE, en complémentarité de son engagement déjà très net auprès des Nations unies. L’on verra dans cette démarche, au demeurant bien reçue par une UE qui est à la recherche d’une part d’une présence plus visible en Asie du sud-est, d’autre part de contributeurs aux missions dont elle à la charge, essentiellement en Afrique - et dans des pays où les Nations unies ont-elles aussi des contingents déployés, la volonté de Hanoi de consolider la légitimité déjà acquise par son entrée en janvier 2020 au Conseil de sécurité des Nations unies, en tant que membre permanent pour l’exercice 2020-2021.
Premier pays d’Asie du sud-est avec lequel l’UE conclut un accord de partenariat en matière de défense, le Viêt Nam devra forcément faire un choix : poursuivre son engagement au sein des opérations de maintien de la paix (OMP) onusiennes ou basculer l’effort vers l’UE ? Placer l’effort sur les deux tableaux ? – mais avec quels moyens ? Au vu de la situation qui prévaut, il est peu probable que le ministère vietnamien de la défense puisse significativement porter l’effort sur les OMP des Nations unies, auxquelles il contribue déjà -au Soudan du sud (quelques officers d’état-major ; un hôpital militaire de campagne armé par 63 membres du service de santé des armées) et en république Centrafricaine (quelques officiers d’état-major).
Il n’en demeure pas moins que cet accord est un succès diplomatique pour les deux parties. Le Viêt Nam, qui a déjà des relations bilatérales de défense avec les grands pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Pologne, Pays-Bas, Italie notamment), voit donc se rajouter une couche européenne – dont les subsides seront toujours appréciés…
Le 16 octobre, le général Lịch s’était entretenu avec le général d’armée Claudio Graziano, qui préside le Comité militaire de l’EU. Sans surprise, les échanges ont porté sur les questions de formation, spécifiques mais aussi linguistiques (en français et anglais, les deux langues communément employées dans les opérations de l’UE) visant notamment à permettre à des militaires vietnamiens d’être intégrés dans ces opérations.
Un conseiller militaire de l’UE en poste au DOMP. A cet égard, l’accord de partenariat confère une nouvelle dimension à une relation qui s’était déjà concrétisée, lors de la visite de Mme Mogherini à Hanoi, par la signature d’un accord dans le domaine des opérations de maintien de la paix (OMP), avec au premier plan des bénéficiaires le Département OMP du ministère de la défense / Centre vietnamien de formation aux OMP (Viêt Nam Peacekeeping Center). Conséquence tangible de cet accord, un conseiller militaire européen vient en effet d’être affecté pour la première fois dans un poste permanent à Hanoi : le colonel Geoffroy Hartmann, un Français. Comme il le définit lui-même, sa mission consistera à assurer l’échange d’informations entre l’UE et le Viêt Nam, aider au développement de cursus de formations des officiers vietnamiens, préparer leur participation aux opérations de l’UE (mais aussi des Nations unies, ce qui est évident vu que tout reste à faire sur le plan de l’insertion de militaires vietnamiens en opération européenne), et renforcer la coopération avec les autres Etats de la région.
A défaut d’avoir été médiatisée sur les portails d’information de l’ambassade de France à Hanoi et du DOMP, au sein duquel il est pourtant inséré, son arrivée a fait l’objet d’une brève mention sur le site de l’ambassade de l’UE à Hanoi (08 octobre - cliché ci-dessus à gauche). Dans un second temps, il a fallu attendre le 21 octobre, et l’ouverture d’un stage de formation aux questions sécuritaires liées aux OMP onusiennes, organisé au DOMP par la mission française de défense à Hanoi et avec l’appui d’un coopérant français en provenance du Cambodge, pour voir le conseiller de l’UE côte à côte avec le général de brigade Hoàng Kim Phụng, directeur du DOMP (cliché de droite).
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