L’événement est passé presque inaperçu. Alors que le Viêt Nam et les observateurs internationaux avaient les yeux tournés vers les préparatifs de l’accueil à Hanoi des présidents Kim Jong-un et Trump, pour un second sommet entre numéros un nord-coréen et américain (26-27 février 2019), le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est rendu à Hồ Chí Minh-Ville le 25 février (*), en ce début d’année croisée de la Russie au Viêt Nam, qui aura en écho l’année du Viêt Nam en Russie (2019-2020).
Comme souvent avant pareil déplacement à l’étranger, M. Lavrov avait donné, le 23 février, une interview dans les médias russes (agence Tass) - qui a été relayée dans la presse vietnamienne. Abordant les questions de relation de défense, le chef de la diplomatie russe a rappelé que « la coopération de défense a toujours joué un rôle important dans la relation d’amitié entre les deux pays. Nous sommes toujours prêts à répondre aux besoins du Viêt Nam en matière d’armement moderne afin de garantir la défense de l’intégrité de ce pays ami ».
L’on verra dans cette déclaration non seulement un rappel de la solidarité entre « régimes-frères », qui sera largement célébrée en cette année 2019 qui marque le vingt-cinquième anniversaire de la signature du traité d’amitié Viêt Nam - Russie (16 juin 1994), puis en 2020, année qui sera celle du soixante-dixième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Moscou et Hanoi (30 janvier 1950) – mais aussi celle des 25 ans du rétablissement de celles entre Washington et Hanoi (11 juillet 1995).
Cette déclaration sonne comme une réponse aux propos tenus par l’amiral Davidson, commandant les forces armées américaines pour la zone Indopacifique (USINDOPACOM), le 12 février 2019 devant la commission des affaires militaires du sénat, et qui déclarait notamment que le Viêt Nam « a émergé comme un partenaire-clé » des Etats-Unis dans la région. L’amiral avait ainsi annoncé que le Pentagone considérait l’amélioration des capacités maritimes de l’armée populaire vietnamienne comme une priorité, à laquelle les Etats-Unis allaient contribuer en « aidant le Viêt Nam à acquérir des drones Scan Eagle, des avions d’entraînement T-6, et un second patrouilleur de haute mer au profit de la police maritime ». Des propos dont, en ce début d’année, il est difficile de percevoir s’ils relèvent plus d’un effet déclaratoire que d’une véritable annonce de livraison de matériel ou de signature de contrat (quoique ces questions relèvent de la sphère du secret). En revanche, la place de la Russie sur le marché vietnamien des armements reste prédominante, avec une année 2019 qui devrait être celle de la poursuite de la livraison des 64 chars lourds T-90 destinés à moderniser une partie d’un corps de blindés marqué par l’usure de l’âge.
Avantage Russie, sur terre, sur mer et dans les airs… face à des Etats-Unis qui occupent l’espace médiatique.
(*) M. Lavrov a notamment été reçu par le secrétaire du Parti communiste d’Hồ Chí Minh-Ville Nguyễn Thiện Nhân, et a participé à un colloque organisé par le Club Valdai, dont la session annuelle débattait de la « coopération internationale dans un monde instable », et notamment de la place de la Russie.
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