Le 12 mars 2018, le colonel supérieur Hoàng Kim Phụng,
directeur du Département des opérations de maintien de la paix (OMP) du
ministère vietnamien de la défense, a accueilli l’attaché de défense russe à
Hanoi, le capitaine de vaisseau supérieur Roman Boytsov. Cette réunion, à laquelle étaient
conviés des représentants du département des affaires extérieures du ministère
de la défense et de l’arme du génie, visait à préparer le déplacement à Moscou
du général de corps d’armée Phạm Ngọc Minh, adjoint au chef d’état-major
général des armées et directeur du comité directeur responsable de la montée en
puissance de la capacité OMP du ministère de la défense.
Comme il le fait avec toutes les délégations qu’il reçoit,
le colonel supérieur Phụng a souligné les progrès - réels - des préparatifs
devant conduire à la projection, durant le mois d’avril, d’un détachement du
service de santé des armées au Soudan du sud, où il prendra la responsabilité
d’un hôpital de campagne de type Rôle 2 à Bentiu, dans le cadre de la Mission
des Nations unies au Soudan du sud (MINUSS).
En retour, le chef de la mission de défense russe à Hanoi
l’a assuré du soutien de son pays dans la poursuite de ce processus d’insertion
de troupes vietnamiennes dans le milieu des opérations onusiennes.
Dans la continuité de ce bilan à chaud, le colonel supérieur
Phụng a logiquement accompagné le GCA Minh à Moscou, du 18 au 24 mars, où la
délégation vietnamienne a été reçue par l’un des adjoints au commandant en chef
de l’armée de terre russe.
A nouveau, la présence dans la délégation vietnamienne d’un représentant
de l’arme du génie suggère que Hanoi, après avoir cherché et obtenu l’appui
occidental - en fait essentiellement anglo-saxon (australien, américain et
britannique) - dans la préparation opérationnelle du contingent médical devant
être projeté à Bentiu, cherche appui auprès de Moscou pour accompagner la
montée en puissance d’un contingent de soldats du génie, qui serait mis à la disposition des Nations unies à l’horizon 2019. Conformément au
souhait de Viêt Nam de ne pas participer à des missions combattantes, le profil
de ce contingent du génie sera axé sur la composante « travaux »
(construction et/ou réparation d’infrastructures) et non « combat »
(déminage).
Sans surprise dans ces rencontres entre militaires de « pays-frères »,
dont les liens demeurent d’autant plus étroits que les élites vietnamiennes
continuent d’être formées en Russie, le général Minh (officier de marine passé
par le moule de l’école navale soviétique) a salué le « rôle important
joué par la Russie dans le maintien de la paix et de la sécurité
mondiales »....
La glace étant brisée par ces propos qui ont dû plaire à ses
hôtes, il a obtenu le soutien de principe de ses interlocuteurs à la montée en
puissance de ce contingent du génie, y compris lorsqu’il s’agira de déterminer
vers quel théâtre d’opérations onusiennes le projeter. Le ministère vietnamien de
la défense a été invité à envoyer une délégation assister à une conférence
internationale sur le déminage, organisée à Moscou en mai prochain, événement
qui sera suivi par le déplacement à Hanoi, en juin, d’une délégation de l’armée
de terre russe qui présentera sur l’emprise du DOMP/Viêt Nam Peacekeeping
Centre un retour d’expérience sur les OMP.
Enfin, le séjour de la délégation vietnamienne a été jalonné
de visites, à l’académie militaire Frunze
(formation interarmes), au centre de formation aux OMP et au centre
d’instruction sur le déminage de l’armée de terre. Sur tous ces sites, le
général Minh a reçu l’assurance de l’engagement russe à épauler la montée en
puissance de cette unité du génie, au sein même du DOMP commandé par le colonel
supérieur Phụng.
Un partenariat qui devrait être fructueux pour les sapeurs
vietnamiens, mais dans lequel Moscou devrait trouver un intérêt certain, en
particulier en matière de connaissance du principal continent sur lequel sont
déployées les forces onusiennes. En effet, en tissant des liens avec les
soldats vietnamiens qui seront projetés en Afrique - probablement en république
Centrafricaine où ils sont déjà présents dans l’état-major de la MINUSCA, ou au
Soudan du sud - Moscou pourrait trouver des partenaires de circonstance pour
ses propres soldats récemment projetés, à la surprise des grandes nations habituées
des opérations en Afrique, en république Centrafricaine depuis la fin 2017.
Intérêt profond de la Russie ou volonté circonstancielle de s’imposer comme un
acteur nouveau dans un paysage déjà complexe, la question demeure ; mais
le fait est que les liens historiques entre armées russe et vietnamienne pourraient
prochainement s’exprimer sur le continent africain, au moins dans le domaine du
partage d’expérience voire d’expertise.
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