En cette année noire pour l’armée
de l’air vietnamienne, le ministère de la défense a choisi de ne pas s’enfermer
plus longtemps dans le silence. Malgré le ferme contrôle de l’opinion publique
par les rouages du Parti communiste, le développement des technologies de
l’information et en particulier les réseaux sociaux permettent aux informations
– mais aussi aux rumeurs – de circuler vite et de toucher différentes tranches
d’une population qui a toujours été éduquée à se tenir informée de la vie du
pays. Les crashs de trois avions et d’un hélicoptère militaires qui ont
endeuillé l’armée depuis l’été ont valu au ministère de la défense et à
l’état-major général des armées d’être mis en défaut sur le plan de la qualité
de l’entretien de ces matériels majeurs, voire d’être soupçonnés de corruption
endémique.
Pour tenter d’apaiser les mécontentements,
le ministère de la défense a choisi de s’adresser à la nation au travers de
l’assemblée nationale. Le 09 novembre 2016, le général de brigade Nguyễn Minh Hoàng, commissaire
politique adjoint de la 7e région militaire (Hồ Chí Minh-Ville) et
député de la 14e législature, a rendu compte aux députés des
résultats des enquêtes sur ces crashs.
Selon son rapport, les causes du
premier crash (le Su-30 MK2 numéro 8585, le 14 juin ; un
mort) n’ont pas pu être clairement identifiées à ce jour, la boîte noire de
l’appareil ayant été endommagée et envoyée en Russie pour investigation plus
poussée.
Le crash du CASA C-212 qui participait aux recherches de l’équipage du Su-30 (immatriculation 8983; neuf morts), le 16 juin, a été
attribué aux mauvaises conditions météorologiques qui prévalaient et à la très
basse altitude à laquelle l’appareil évoluait. Là aussi, la détérioration des
boîtes noires lors du crash n’a pas permis d’apporter plus de précisions sur les causes de l'accident.
Le crash du L-39 numéro 8705 le 26 août à Phú Yên, peu
de temps après son décollage (pilote décédé), a été attribué à un problème
moteur. La commission d’enquête a salué à nouveau l’action héroïque du pilote,
qui a tenté un atterrissage d’urgence dans une rizière au lieu de s’éjecter et
de laisser son appareil s’écraser sur une zone d’habitation.
Enfin, les causes du crash de
l’hélicoptère EC-130 T2
numéro 8632, le 18 octobre dans
une zone montagneuse près de Vũng
Tàu (trois morts), n’ont pas non plus été dévoilées, le rapporteur
soulignant le fait que l’appareil était de conception civile – quoique mis en
œuvre par des élèves pilotes et leur instructeur, tous membres de la compagnie Vietnam Helicpters South – ce qui
nécessitait une coordination des investigations entre le ministère de la
défense et l’aviation civile nationale.
Pour autant, le général Hoàng a
rapporté les propos de la Commission militaire centrale, qui n’a pas masqué des
défaillances profondes dans la maintenance des aéronefs, la sécurisation des
vols, la formation des jeunes pilotes et les secours d’urgence. Il a annoncé
que quarante officiers dont deux généraux – dont les noms n’ont pas été révélés
– ont fait l’objet de sanctions (nature non précisée).
Si les maux restent profonds et
ne pourront être remédiés sur le court terme, au moins le ministère de la
défense peut se satisfaire d’avoir procédé à une autocritique devant les élus
du peuple, même si personne ne sera dupe : certes une belle opération de
communication a été menée, qui apaisera les soupçons des moins virulents, mais
le doute ne sera pas totalement effacé sur les causes exactes de ces accidents qui ont
coûté la vie à des pilotes expérimentés et donc irremplaçables sur le court
terme.
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