Première rencontre du général Shoïgu avec le nouveau ministre vietnamien de la défense |
Le début de l’année en avait
donné des indices. Dans un premier trimestre relativement atone sur le plan des
relations diplomatiques de défense, le vent de Moscou soufflait régulièrement
vers Hanoi en ces mois de renouvèlement du haut état-major vietnamien, plus
marqué dans cette année de congrès du Parti communiste vietnamien, en janvier
dernier. Visites de délégations russes au Viêt Nam, dialogue de défense au
niveau vice-ministres de la défense à Moscou, réception de l’ambassadeur russe
au ministère de la défense à Hanoi, la relation entre militaires des « pays-frères »
doit rester exemplaire, tant pour Hanoi qui reste fidèle à l’allié de toujours
que pour Moscou qui cherche à conserver la part du lion du renouvèlement de
nombreux équipements de l’armée populaire et surveille avec intérêt les
développements des activités chinoises et américaines en mer de Chine
méridionale.
C’est donc tout naturellement que
le général d’armée Ngô Xuân Lịch, fraîchement élu ministre de la défense (07
avril), a entamé son premier déplacement hors des frontières à Moscou, donnant
le « la » à sa nouvelle équipe, mais aussi troquant sa veste
d’ex-numéro un du Parti communiste au sein du ministère de la défense,
fonction-clé mais dans l’ombre, pour celle, forcément beaucoup plus visible, de
chef de file du ministère. Le passage par Moscou lui permet ainsi de passer en
souplesse de l’ombre à la lumière, dans un cercle qu’il connaît parfaitement.
Arrivé le 23 avril à la tête
d’une importante délégation, il a débuté son séjour à l’ambassade du Vietnam,
préparatoires à une semaine dense : rencontre le 24 avril avec la
communauté expatriée, dépôt de gerbe au pied du monument en l’honneur d’Hồ Chí Minh cliché ci-dessus), mais aussi un premier
entretien avec son homologue laotien, le général de corps d’armée Chansamone Sanyalath, lui aussi
nouvellement nommé à l’issue du dixième congrès national du Parti populaire
révolutionnaire lao (PPRL) et des récentes élections législatives. Une
rencontre chaleureuse entre deux hommes qui se connaissent de longue date, et et
qui vont continuer de sceller les liens historiques liant leurs deux armées. Puis
visite officielle auprès des autorités russes, le 25 avril, avec des entretiens
avec le général d’armée Sergeï Shoïgu qui ont confirmé l’excellence des
relations bilatérales (*).
Enfin, cœur de cet agenda, la délégation
vietnamienne a participé, les 27 et 28 avril, à la 5e conférence de
Moscou sur la sécurité internationale, aux côtés de 500 représentants de 80
Etats (**). S’exprimant devant ce forum sur le thème des défis sécuritaires et
capacités de coopération militaire en Asie-Pacifique (**), le général Lịch a notamment
rappelé l’engagement de Hanoi d’œuvrer pour une région Asie-Pacifique stable et
en paix, sans chercher à stigmatiser quelque provocation que ce soit, au
premier plan desquelles la Chine. Un discours dans lequel le ministre de la
défense a rappelé les grands principes de la politique de défense vietnamienne,
qui se veut résolument défensive et soutenant les mécanismes de sécurité
internationale.
Ces premiers propos du général Lịch devant un tel auditoire,
très convenus, devront être confirmés devant un cénacle plus proche de la
sous-région et donc plus concerné par les activités ininterrompues menées par
la Chine en mer « de l’Est ». Il sera donc intéressant de voir si le ministre
reprendra ses propos début juin ou s'il les durcira lors du Shangri-La
Dialogue à Singapour, une tribune dans laquelle ces questions sont abordées
par des acteurs bien plus sensibles à ces questions, car directement impactés.
(*) « Nous considérons votre pays comme un allié stratégique et un ami
de longue date et de confiance. Le Viêt Nam est pour nous un partenaire majeure
dans le maintien de la sécurité en Asie-Pacifique » (S. Shoïgu).
(**) Quatrième participation du
Viêt Nam à cette conférence, mais pour la première fois avec la présence du
ministre de la défense. Jusqu’alors, seul l’état-major général des armées était
représenté.
(***) Articulée autour de quatre
axes de travail : 1) Le terrorisme, menace de premier plan de la
mondialisation ; 2) Défis sécuritaires et capacités de coopération
militaire en Asie-Pacifique ; 3) Sécurité mondiale et coopération de
défense ; 4) Guerre et paix en Asie, un nouveau système de sécurité en
Asie.
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