Le 15 septembre 2015, le comité central du Parti
communiste vietnamien a rendu public les projets des rapports politique et
économique qui seront soumis à l’approbation des délégués du Parti lors du douzième
congrès national de cette instance, début 2016. Jusqu’au 31 octobre, les
citoyens ont la possibilité de formuler leurs commentaires, via leurs instances représentatives à
tous niveaux, sur ces très longs documents. Pour les aider - ou les inciter - à participer à cette campagne d'émulation en faveur des travaux du Congrès, un site Internet dédié aux travaux préparatoires au Congrès a été lancé @ http://daihoi12.dangcongsan.vn/
Soumettez vos commentaires sur le projet de rapport |
Dans le rapport politique, si le couple défense et
sécurité nationale (quốc phòng và an ninh) est
cité à de multiples reprises, l’analyse de la situation de ces composantes
n’est abordée que dans le chapitre 10, articulé en deux courtes parties, l’une
décrivant la situation générale du pays, l’autre reprenant les missions principales
des forces armées (ministère de la défense) et de sécurité (ministère de la
sécurité intérieure).
Dans un contexte international et régional présenté
tout au long du rapport comme toujours plus complexe et crisogène, notamment en
mer de Chine méridionale (mer de l’Est pour les Vietnamiens), les forces armées
demeurent garantes de la stabilité du pays et de son intégrité territoriale. Le
rapport ne divulgue aucune réelle information nouvelle sur ce domaine qui
relève toujours du secret, et que le Comité central du Parti ne souhaite
naturellement pas dévoiler aux nombreux observateurs internationaux. Ainsi,
dans une tradition longuement expérimentée, les auteurs du rapport se gardent
de citer la Chine dans les points de tension qui pèsent sur le pays (aucune
référence aux incidents directs qui ont notamment eu lieu près des Paracel en
2014), et se contentent de pointer du doigt l’ « évolution
pacifique » et les actions de sape menées par des « forces
hostiles » contre le régime, menaces communément identifiées – mais non
développées – comme étant la cible désignée des actions des forces de défense
et de sécurité.
Le
rapport salue des progrès dans la lutte contre les menaces non conventionnelles,
au bémol que la hausse de la criminalité se poursuit. En revanche, il pointe du
doigt – tendance développée dans la plupart des grands volets du document - un
manque de conscience d’un certain nombre de dirigeants de tous niveaux de
responsabilité vis-à-vis des questions de défense, des lacunes dans les
relations entre développement économique et défense nationale, et une mauvaise
application des directives du Parti et de l’Etat au niveau local.
Dans
ce contexte, les forces de défense et de sécurité gardent leur aura d’ultimes
garantes de l’intégrité du pays, de la cohésion sociale et de la pérennité du
Parti et du régime. Sans surprise, leurs missions sont de contribuer à la solidarité
de l’ensemble du peuple et de tout le système politique : défendre coûte
que coûte l’indépendance du pays, l’intégrité et l’unité de l’ensemble du
territoire national, ainsi que le Parti, l’Etat, le peuple et le régime
socialiste sont leurs règles d’or ; défendre le développement du pays, son
industrialisation, sa modernisation, sa culture et maintenir un
environnement pacifique et stable sur les plans politique et de la sécurité
intérieure sont leurs missions permanentes.
Ainsi,
dans un texte dont la longueur est plus supérieure à son contenu - en raison du
martèlement des mêmes idées – le Comité central diffuse un message bien connu
de l’ensemble de la population, éduquée de longue date aux questions de défense
même si ses centres d’intérêt sont plus tournés au quotidien vers l’accès
rapide aux bienfaits de la société de consommation. Si les thèses évoquées ne
devraient pas trouver d’opposition au sein de la frange du peuple qui lira dans
le détail ce rapport, il est toutefois possible que la non mention – pour des
raison très diplomatiques - de la Chine comme principale menace concrète pour
l’intégrité territoriale, bien plus que ces « forces hostiles » sans
description réelle et relevant plus de la subversion interne mais en lien avec
des mouvements d’opposants implantés hors du pays (diaspora notamment), fasse
l’objet de frustration et de critique de l’opinion. Pour autant, le souci de ne
pas se froisser ouvertement avec le grand voisin chinois – dont l’économie
vietnamienne est très dépendante – ne devrait pas pousser le Comité central à
modifier ses conclusions.
Dans
ce cadre, il est peu probable que le nouveau Livre blanc sur la défense, dont la
publication, initialement attendue pour la fin 2014, est désormais
vraisemblablement reportée en 2016, soit un document novateur sur le plan de la
stratégie de défense du pays.
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