vendredi 18 septembre 2015

Place de la défense dans le projet de rapport politique du Comité cental du Parti communiste vietnamien

Le 15 septembre 2015, le comité central du Parti communiste vietnamien a rendu public les projets des rapports politique et économique qui seront soumis à l’approbation des délégués du Parti lors du douzième congrès national de cette instance, début 2016. Jusqu’au 31 octobre, les citoyens ont la possibilité de formuler leurs commentaires, via leurs instances représentatives à tous niveaux, sur ces très longs documents. Pour les aider - ou les inciter - à participer à cette campagne d'émulation en faveur des travaux du Congrès, un site Internet dédié aux travaux préparatoires au Congrès a été lancé @ http://daihoi12.dangcongsan.vn/
Soumettez vos commentaires sur le projet de rapport
Dans le rapport politique, si le couple défense et sécurité nationale (quốc phòng an ninh) est cité à de multiples reprises, l’analyse de la situation de ces composantes n’est abordée que dans le chapitre 10, articulé en deux courtes parties, l’une décrivant la situation générale du pays, l’autre reprenant les missions principales des forces armées (ministère de la défense) et de sécurité (ministère de la sécurité intérieure).
Dans un contexte international et régional présenté tout au long du rapport comme toujours plus complexe et crisogène, notamment en mer de Chine méridionale (mer de l’Est pour les Vietnamiens), les forces armées demeurent garantes de la stabilité du pays et de son intégrité territoriale. Le rapport ne divulgue aucune réelle information nouvelle sur ce domaine qui relève toujours du secret, et que le Comité central du Parti ne souhaite naturellement pas dévoiler aux nombreux observateurs internationaux. Ainsi, dans une tradition longuement expérimentée, les auteurs du rapport se gardent de citer la Chine dans les points de tension qui pèsent sur le pays (aucune référence aux incidents directs qui ont notamment eu lieu près des Paracel en 2014), et se contentent de pointer du doigt l’ « évolution pacifique » et les actions de sape menées par des « forces hostiles » contre le régime, menaces communément identifiées – mais non développées – comme étant la cible désignée des actions des forces de défense et de sécurité.
Le rapport salue des progrès dans la lutte contre les menaces non conventionnelles, au bémol que la hausse de la criminalité se poursuit. En revanche, il pointe du doigt – tendance développée dans la plupart des grands volets du document - un manque de conscience d’un certain nombre de dirigeants de tous niveaux de responsabilité vis-à-vis des questions de défense, des lacunes dans les relations entre développement économique et défense nationale, et une mauvaise application des directives du Parti et de l’Etat au niveau local.
 
Dans ce contexte, les forces de défense et de sécurité gardent leur aura d’ultimes garantes de l’intégrité du pays, de la cohésion sociale et de la pérennité du Parti et du régime. Sans surprise, leurs missions sont de contribuer à la solidarité de l’ensemble du peuple et de tout le système politique : défendre coûte que coûte l’indépendance du pays, l’intégrité et l’unité de l’ensemble du territoire national, ainsi que le Parti, l’Etat, le peuple et le régime socialiste sont leurs règles d’or ; défendre le développement du pays, son industrialisation, sa modernisation, sa culture et maintenir un environnement pacifique et stable sur les plans politique et de la sécurité intérieure sont leurs missions permanentes.
 
Ainsi, dans un texte dont la longueur est plus supérieure à son contenu - en raison du martèlement des mêmes idées – le Comité central diffuse un message bien connu de l’ensemble de la population, éduquée de longue date aux questions de défense même si ses centres d’intérêt sont plus tournés au quotidien vers l’accès rapide aux bienfaits de la société de consommation. Si les thèses évoquées ne devraient pas trouver d’opposition au sein de la frange du peuple qui lira dans le détail ce rapport, il est toutefois possible que la non mention – pour des raison très diplomatiques - de la Chine comme principale menace concrète pour l’intégrité territoriale, bien plus que ces « forces hostiles » sans description réelle et relevant plus de la subversion interne mais en lien avec des mouvements d’opposants implantés hors du pays (diaspora notamment), fasse l’objet de frustration et de critique de l’opinion. Pour autant, le souci de ne pas se froisser ouvertement avec le grand voisin chinois – dont l’économie vietnamienne est très dépendante – ne devrait pas pousser le Comité central à modifier ses conclusions.
 
Dans ce cadre, il est peu probable que le nouveau Livre blanc sur la défense, dont la publication, initialement attendue pour la fin 2014, est désormais vraisemblablement reportée en 2016, soit un document novateur sur le plan de la stratégie de défense du pays.

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