Le 11 mars 2015, le général
d’armée Vincent Brooks, commandant les forces terrestres américaines dans le Pacifique (USARPAC), a demandé au Viêt Nam de cesser d’autoriser les avions ravitailleurs
russes à se poser sur la base aérienne de Cam Ranh, afin d’y ravitailler puis
d’en redécoller pour ravitailler les bombardiers stratégiques russes engagés
dans des missions à long rayon d’action. Il a notamment
mentionné que ces ravitaillements avaient permis aux bombardiers russes de
s’approcher de l’île de Guam, position stratégique des forces américaines dans
le Pacifique. Pour autant, le général Brooks, premier haut responsable militaire américain reçu à Hanoi en 2015, n’a
pas produit - à la presse - de preuves de ces posers de ravitailleurs russes à Cam Ranh.
19 janvier 2015, réception par le GCA Đỗ Bá Tỵ, chef de l'état-major général des armées |
Le 04
janvier, le ministère russe de la défense avait annoncé que les activités de ses
Tu-95 Bear et Tu-160 Blackjack s’étaient intensifiées en 2014, et avait mentionné
que les ravitailleurs en vol IL-78
s’étaient posé sur plusieurs aéroports afin d’y avitailler, y compris - et pour
la première fois selon cette source - sur la base aéronavale vietnamienne de
Cam Ranh. Interviewé par les médias locaux, le général de division Võ Văn Tuấn,
adjoint au chef d’état-major général des armées, avait confirmé qu’un IL-78 s’était bien posé à Cam Ranh « en 2014 », sans en préciser la date. Il avait justifié cet
événement par l’existence d’un accord de soutien logistique entre les deux
pays.
La requête du général Brooks, peu
étayée mais s’appuyant vraisemblablement sur d’excellents renseignements,
tranche avec la chaleur des propos tenus depuis le début de l’année par les
autorités américaines en visite à Hanoi ou depuis Washington.
Sans surprise, ni le ministère vietnamien de
la défense ni l’état-major général des armées n’ont (à ce jour) réagi officiellement,
attestant de leur volonté de conserver ce différend à un bas niveau de
visibilité, et de ne pas céder aux pressions américaines. Même si l’année est
placée sous le signe du renforcement (encore plus visible) des relations
bilatérales avec Washington, Hanoi ne saurait faire une entorse à son
partenariat avec Moscou, qui demeure particulièrement solide sur le plan
militaire.
Le 12 mars, seul un responsable
de l’Institut (vietnamien) de stratégie militaire a sobrement qualifié les
propos du général Brooks d’ « ingérence » dans les affaires
internes du Viêt Nam.
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