Dans cette année 2014 qui verra
l’armée populaire vietnamienne célébrer le soixantième anniversaire de sa
création (22 décembre), le ministère de la défense a ouvert le débat sur une
révision de la loi sur le service militaire (Luật
Nghĩa vụ quân sự), la
cinquième de ce texte dont la première version date du 30 décembre 1981 (après
les refontes en 1990, 1994 et 2005). Le comité permanent chargé, au sein de l’assemblée
nationale, des questions de défense et de sécurité nationales au sein de l’assemblée
nationale, s’est réuni le 06 août sous l’autorité de son président, le général
de brigade Nguyễn Kim Khoa (qui
est aussi député de Phú Thọ) pour étudier plusieurs projets d'amendements à cette loi.
06/08/2014 Intervention du général Nguyễn Kim Khoa |
Au premier plan des pointes
d’effort, une rallonge de la durée de service sous les drapeaux et une
uniformisation de cette durée de conscription pour tous les appelés, spécialistes
ou non, qu’ils soient sous-officiers ou militaires du rang.
Faisant le constat de la montée
des tensions dans le proche environnement du pays, en particulier en mer de
Chine méridionale, et pointant du doigt le fait que la modernisation de l’armée
– à l’image de la montée en puissance de la marine populaire – ne peut souffrir
de service militaire « à deux vitesses » (conscription de 18 mois
pour les sous-officiers et militaires du rang, pour 24 mois pour les
sous-officiers et militaires du rang spécialistes et ceux affectés sur un
bâtiment de la marine), le ministère de la défense, sous l’impulsion du général
d’armée Phùng Quang Thanh, propose une uniformisation de la durée de
conscription à 24 mois, revenant donc sur la réduction de la durée de service militaire
telle qu’adoptée en juin 2005. Le général Thanh y voit comme principale
conséquence une meilleure formation opérationnelle, surtout pour le personnel
servant des matériels de plus en plus complexes. S’y ajouterait une meilleure
gestion de ce personnel, tous effectuant la même durée de service.
A contrario, une autre option radicalement opposée est soutenue par
certains députés: une réduction significative de la durée de conscription, qui serait uniformisée
à 12 mois avec une possible extension pour les sous-officiers investis d'un commandement ou détenteur d'une spécialité rare. Ce projet, auquel aspireraient de nombreux Vietnamiens, notamment
parmi les jeunes, s’inscrirait dans un contexte stratégique de paix et de
stabilité, ce que l’actualité des
derniers mois dément. Un amendement de la loi et l’adoption d’une telle
proposition semble peu réaliste. La faire figurer dans un débat auquel les
citoyens ont in fine peu d’influence
relève plus de la démocratie participative de façade que d’un réalisme
décisionnel.
En outre, le projet de refonte de
cette loi se penche sur la question de l’exemption de service militaire. Les nombreuses
opportunités qui s’offrent aux jeunes Vietnamiens poursuivant des études pour être
exemptés de service militaire (mais non sans avoir été sensibilisés dans la
durée aux questions militaires – dans le cadre de l’éducation de défense,
matière obligatoire au lycée et dans les universités) résultent bien souvent en
l’incorporation des « sans grade » de la jeunesse, essentiellement
dans les unités de l’armée de terre.
L'heure de la séparation avec les familles a sonné |
Si aucune issue des travaux, qui pourraient aboutir avant la fin de l'année, n'est connue, nul doute qu'une rallonge de la durée de conscription ne ravirait pas la jeunesse vietnamienne, quel que soit le bien fondé des raisons qui poussent le ministère de la défense et l'état-major général à soutenir ces mesures fortes - surtout face à une Chine qui pèse toujours plus dans la sous-région. Cependant, le temps des mouvements d'humeur passés, la principale couche de population impactée sera à nouveau la masse des sans diplômes, qui alimente les bataillons de conscrits faute de ne pouvoir faire valoir un motif d'exemption recevable.
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